Qu’est-ce que l’Éducation Positive ? Et peut-on réellement apprendre le bonheur à nos enfants ? Pour essayer de répondre au mieux à ces questions, j’ai décidé de commencer par vous inviter à participer avec moi à une petite expérience.
Prenez une feuille de papier et un crayon. Après avoir réfléchi quelques minutes, écrivez, en un ou deux mots, ce que vous souhaitez le plus pour vous enfants.
Maintenant, sur la même feuille, écrivez en en ou deux mots, ce que vous pensez qui est enseigné à l’école.
Une fois terminé l’exercice, comparez les deux réponses.
Je ne suis pas magicienne, mais je peux imaginer qu’il y a pratiquement pas de superposition possible entre les deux listes de mots que vous venez de produire. Est-ce étonnant ? Pas vraiment. C’est en effet le cas pour la grande majorité des parents interviewés.
Martin Seligman, considéré comme le père de la Psychologie Positive, commence beaucoup de ses interventions sur l’éducation positive par poser ces mêmes questions à l’audience. Et de toutes les fois qu’il les a posées aux parents, les réponses qui ont surgi peuvent être regroupées dans deux catégories. Le bien-être comme réponse à la première question et les compétences nécessaires à la réussite professionnelle, pour la deuxième. Et malgré qu’elles ne sont pas incompatibles, ces deux catégories sont rarement abordées ensemble.
Force est de constater que, indépendamment des différences culturelles, sociales et économiques, une fois que nous revenons à l’essentiel, ce que nous voulons tous le plus pour nos enfants est qu’ils soient heureux. Et nous passons très peu de temps au quotidien à leur apprendre à l’être ou à le devenir.
Mais qu’entendons-nous par Éducation Positive ?
« L’éducation positive est la voie vers l’épanouissement, permettant la réussite éducative. » M. Seligman
L’Éducation Positive est définie comme une éducation qui vise non seulement le développement des compétences académiques mais aussi le développement des compétences psycho-sociales. Lorsque nous mettons les lunettes de l’éducation positive, nous partons du principe qu’un élève heureux à l’école est un élève qui réussit mieux. Et nous portons autant d’importance à l’outiller pour le bien-être que pour la réussite scolaire.
Dans cette approche, le bien-être de l’enfant est placé au centre des apprentissages et fonctionne comme un levier qui lui permet de mieux performer au niveau académique. En effet, de nombreuses recherches scientifiques démontrent qu’il est possible d’apprendre des compétences comme la résilience, les émotions positives, l’engagement et le sens à l’enfant. Mais aussi que des niveaux de bien-être plus élevés favorisent la capacité de l’enfant à apprendre et à produire des solutions plus adaptées et créatives à l’école.
Nous vivons dans un monde qui change beaucoup et beaucoup trop vite. L’école d’aujourd’hui prépare les enfants pour un environnement et une société futurs que, en réalité, nous méconnaissons complétement. Du peu que nous pouvons prédire par rapport aux exigences sociales et professionnelles auxquelles les générations suivantes devront faire face, tout ce que nous pouvons affirmer est que, très probablement à un moment donné de leur vie, nos enfants seront confrontés à des moments plus ou moins durs et à des épreuves difficiles. Ils auront très certainement des moments d’échec académique ou professionnel. Ils changeront probablement de travail quelques fois pendant leur vie active. Ils seront confrontés à des difficultés relationnelles et affectives et, malgré tous leurs efforts, à la perte. En tant qu’êtres humains nous le sommes tous.
Mais alors pourquoi ne pas aider nos enfants et les préparer au mieux à affronter le changement constant et les difficultés qui se présenteront sûrement à eux a des moments clés de leurs vies ? Pourquoi ne pas les outiller, dès le plus jeune âge, à penser de façon plus réaliste et flexible sur les problèmes qu’ils rencontreront ? Pourquoi ne pas les aiguiller dans la découverte de leurs forces et les diverses façons de les utiliser dans la résolution de conflits ou divergences ?
Concrètement,
Il est vrai que les compétences psycho-sociales ont tendance à se développer naturellement à la mesure que l’enfant grandit et évolue en société. Cependant, il y a des enfants (comme des adultes d’ailleurs) qui ont besoin d’être plus soutenus dans la construction d’un plus grand répertoire de compétences sociales et de stratégies de coping. Et même ceux qui ne présentent pas de difficultés spécifiques peuvent bénéficier d’interventions qui ciblent leurs ressources et les facteurs de résilience associés. Comme, par exemple, nous pouvons aider les enfants à mieux gérer leurs émotions et à les exprimer de façon plus adéquate, lorsque nous parlons des relations interpersonnelles positives, nous pouvons aussi apprendre aux enfants des gestes de gentillesse, pardon ou gratitude qui auront un impact sur leur bien-être.
Le rapport mondial sur le bonheur (World Happiness Report, 2017) le dit très clairement : le climat social de l’école primaire et secondaire que l’enfant fréquente est un des deux facteurs clés (l’autre étant la santé mentale de la mère) qui prédira son bien-être à l’âge adulte.
En résumé :
Nous pouvons apprendre à nos enfants des compétences de bien-être, bonheur et résilience. Nous pouvons les aider à développer leur répertoire de stratégies pour faire face à l’échec et à l’élargir quand nécessaire. Nous pouvons leur apprendre où ne pas chercher le bonheur et à affronter de façon plus efficace les difficultés inhérentes à notre société (comme, par exemple, le danger de la comparaison et notre difficulté à réagir quand nous sommes confrontés à trop de possibilités).
Apprendre que nous avons tous un biais de négativité et que les émotions négatives ont un effet réel et mesurable sur nos capacités cognitives et notre comportement peut nous faire agir différemment.
Travailler sur l’estime de soi, les relations interpersonnelles positives, les forces et vertus et les émotions positives aura un impact positif sur le bien-être de nos enfants et devrait être abordé le plus souvent à l’école. Abordé pas comme un contenu à part entière mais intégré au sein même des autres apprentissages et de la vie de classe. Et ainsi favoriser un climat de bienveillance, empathie et de réussite pour tous à l’école.
Andreia Santos
Pour aller plus loin :
Boniwell, I., & Reynaud, L. (2018). Parcours d’éducation positive et scientifique : Les 10 étapes clés pour une éducation heureuse et épanouie.Paris: Leduc.s Éditions.
Helliwell, J. F., Layard, R., & Sachs, J. D. (2017). World happiness Report. Obtenu le 26 janvier 2018 de http://worldhappiness.report/ed/2017/
Seligman, M. (2013). S’épanouir: Pour un nouvel art du bonheur et du bien-être. France : Belfond.